L'association agréée pêche et protection du milieu aquatique (AAPPMA) de Nasbinals s'est prononcée contre le projet de captage et d'exploitation d'une partie de la source de Font-Rouge appartenant à la commune de Marchastel et située près de la ferme de Fontanilles-Bas. Il s'agissait de capter 3,7 l/s par le biais de canalisations enterrées via Aumont. Projet que l'AAPPMA juge « pharaonique pour un intérêt local limité ». Ce projet initié par la municipalité d'Aumont et le Conseil général faisait suite au schéma de besoin en eau potable du département.
Attention, danger !
La source de Font-Rouge, expliquent les membres de l'AAPPMA « possédait un débit compris entre 1 382 m3 et 2 419 m3/jour. Les captages déjà réalisés pour les besoins en eau potable de Nasbinals et Marchastel, qui représentent une consommation évaluée à 75 m3 par jour, sans compter les besoins de l'élevage, l'ont déjà réduit ». S'ajoute à cela « des dizaines d'années d'une politique de subvention favorisant le drainage des terres agricoles qui a entraîné la disparition de 60 % des zones humides de l'Aubrac, essentielles dans l'approvisionnement en eau des sources et cours d'eau et dans la régulation du débit, notamment en période d'étiage ». Et de mettre le risque de réchauffement en exergue : « jusqu'à 28 °C relevés au moulin de Sarral dans le Bès par l'ONEMA »… sans oublier «la prolifération des algues» et bien d'autres fléaux au premier rang d'une cohorte de risques.
Des alternatives
Pour cela les membres de l'AAPPMA préféreraient une politique de développement économique maîtrisant les dépenses en eau potable par la mise en place d'une politique volontariste et incitative. Et de citer en exemples : « l'installation systématique de réducteur de débit qui permettrait d'économiser 30 à 50 % d'eau, la récupération de l'eau de pluie des toitures des bâtiments agricoles, industriels et d'exposition. Par exemple, les quelque 3 000 m² de la halle d'exposition d'Aumont-Aubrac permettraient à eux seuls de récupérer 300 m3 d'eau par an ».
Et Aloz alors ? !
Les membres de l'AAPPMA soulignent aussi l'étude géologique et hydrogéologique ALOZ, actuellement en cours sur les secteurs de Nasbinals et Saint-Chély d'Aubrac (60 à 70 km2) et les forages qui devraient être réalisés jusqu'à 300 m de profondeur. « On ne peut que s'inquiéter de l'impact écologique de ce projet à finalité économique, tant au niveau des conséquences sur le débit des sources et ruisseaux du plateau, qu'au risque de contamination ». Et de conclure : « la finalisation d'un tel projet risquerait de nous exposer à moyen terme à un manque d'eau potable, ce qui serait le comble pour une zone géographique qualifiée de château d'eau régional »…
Déraisonnable !
Jean Aldebert, conseiller général de Nasbinals vient d'être informé du projet de forage à grande profondeur sur le site de Font-Rouge par le Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM). Une entreprise qu'il juge « totalement déraisonnable ». Il rappelle que Font-rouge est la plus importante source de l'Aubrac par sa qualité et son volume et que le conseil municipal, propriétaire de la source a formellement rejeté toute demande d'exploitation. Selon lui, « il est impensable d'autoriser des forages à grande profondeur dans un secteur géographique protégé pour rechercher d'hypothétiques ressources en eau souterraine, en raison de l'augmentation des besoins en eau du département, alors que d'autres solutions rationnelles et simples à mettre en œuvre sont possibles ». Et Jean Aldebert marque fermement sa position : « nous ne pouvons accepter de risquer de détruire ou de parasiter une source unique sur le plateau de l'Aubrac pour une étude expérimentale avec de possibles conséquences désastreuses pour les populations locales et environnantes, alors que ces ressources naturelles peuvent être partagées sans perturber la nature ».
CONTRE les forages sur L'Aubrac !! L'AUBRAC , BEAUTE FRAGILE
Ressources en eau de l'Aubrac : les risques d'un projet… "déraisonnable"
ALOZ, un projet d'étude qui fait couler beaucoup d'encre sur l'Aubrac… et risquerait de nuire au bon débit de l'eau. Entre prospective et risques, l'opposition tire très fort le signal d'alarme !
Aloz. Tel est le nom du projet mené par le Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM) qui vise à améliorer les connaissances sur les aquifères volcaniques présentes sur l’Aubrac. En clair, connaître les eaux souterraines de l’Aubrac, en forant sur le secteur de Font Rouge entre Nasbinals et Saint-Chély-d’Aubrac, de façon "purement scientifique", précise Benoît Dewandel, chef du projet. L’Aubrac étant une "terre inconnue" dixit le chercheur. Des premières expérimentations ont eu lieu l’été dernier et doivent, à nouveau, avoir lieu en mai prochain. "En toute honnêteté, c’est amener de la connaissance à tout le monde. Il n’y a aucun risque de dénaturer le site", poursuit-il, toujours en prenant des pincettes.
"La moindre des choses est d’avoir des garanties absolues sur ce projet." - André Valadier
C’est que ledit projet fait grincer des dents. En particulier celles de Jean Aldebert, conseiller général de Nasbinals. "C’est la plus belle bêtise que l’on peut faire sur l’Aubrac. Ils vont nous souiller l’eau alors qu’il y a déjà de la sécheresse". Ce projet inquiète donc. Et divise. Jean-Claude Fontanier, maire et conseiller général de Saint-Chély-d’Aubrac, dit "ne pas être opposé mais méfiant. Le projet, de ce que j’en ai compris, est d’aller voir à 300 m s’il y a des réserves importantes d’eau fossile pour exploiter les nappes phréatiques plutôt que les ruisseaux".
Un a priori positif qui l’est aussi pour Bernard Bastide, maire de Nasbinals. "BRGM étudie le sous-sol, c’est plus de la connaissance, de la recherche que de l’exploitation. Il n’y a pas d’inquiétude à avoir. C’est la recherche qui fait avancer l’humanité. L’étude peut même rassurer les éleveurs".
Ce dernier argument est aussi avancé par BRGM. Mais il est aussi précisé dans le projet que l’objectif scientifique s’accompagne d’un enjeu environnemental, social et économique pour "fournir les connaissances nécessaires pour envisager une exploitation durable de ses aquifères". Benoît Dewandel, une fois encore, se veut rassurant et transparent : "Le maximum de précautions est pris pour ne vexer personne. Nous voulons communiquer. Ce ne sont pas des études en catimini".
Pourtant, joint par téléphone, André Valadier, vice-président de l’association d’émergence du parc naturel régional (PNR) de l’Aubrac dit "ne pas être au courant de ce projet" situé au cœur justement du futur parc… Après avoir pris quelques renseignements sur ce projet Aloz, il rappelle : "l’eau est le sujet le plus important du futur PNR. La moindre des choses est d’avoir des garanties absolues sur ce projet".
Et de conclure : "Je pense qu’on ne peut pas ne pas réagir par rapport à ce projet qui met en cause l’activité dominante sur le plateau, à savoir l’élevage. Et ce, même si la gouvernance du PNR n’intervient que fin 2012".